PO + UX designer. La formule 2 en 1 ?

UX designer Product owner

Le PO et l’UX designer doivent-ils être la même personne ? 

A priori, ce sont 2 rôles bien distincts et il n’y a pas lieu de se poser la question.

Sauf que… ayant moi même été UX designer pendant un temps, j’ai parfois le réflexe de prendre le crayon ou la souris pour matérialiser l’expérience utilisateur que j’ai en tête.

  • Est ce une perte de temps ? Une erreur même ?
  • Ou est ce qu’être PO et faire le taf d’UX designer en parallèle est une solution gagnante ?

Je pose les arguments et je vous laisse en juger dans les commentaires.

LES POUR

Si j’ouvre ce débat, c’est qu’en expérimentant la double casquette, j’ai constaté quelques bénéfices importants.

Un gain de temps

Rapide

Si il y a un truc qui me saoule le plus dans mon métier c’est d’expliquer et ré-expliquer à mille personnes la même chose.

  • C’est quoi le besoin ?
  • Quel est l’objectif ?
  • Quelles sont les contraintes ?

Quand vous avez à désigner une nouvelle expérience utilisateur, votre rôle de PO est de briefer l’UX designer sur tous les contours.

Par écrit ou par oral, on a parfois l’impression que le brief et les revues UX prennent plus de temps que de faire l’UX soi-même.

Tout dépend de l’UX, mais parfois, il faut avouer que ça vaut pas le coup de s’embêter pour 1 ou 2 écrans.

Une feuille et un crayon, et hop on passe la copie à l’UI designer pour mettre un coup de polish.

On est le mieux placé

Au delà du temps passé à briefer, corriger et commenter, qui de mieux que le PO peut imaginer l’expérience utilisateur.

On passe nos journées à se mettre à la place de l’utilisateur et on connait le produit sur le bout des doigts.

Personne d’autre que nous a une vision plus claire et plus profonde du besoin utilisateur.

Le faire soi-même c’est éviter qu’un UX designer passe à côté de notre vision de PO.

Si c’est évident, c’est parce que l’on est totalement immergé dans le comportement utilisateur.

Une compétence accessible

Au risque de me faire insulter il faut avouer que le poste d’UX designer n’est pas hyper technique.

Comparativement à un designer UI où la maîtrise de la palette graphique, des dégradés ou de tous les artefacts qui séparent le bon goût du kitsch est primordiale, le rôle de l’UX designer est d’assembler des carrés et des rectangles en noir et blanc sur une page blanche.

Par ailleurs, certains logiciels de wireframes vous donnent déjà des modèles de boutons, de modales, d’action sheets… que vous n’avez qu’à glisser sur votre écran pour assembler votre maquette.

Je suis dur mais le gap pour acquérir la technique d’un UX designer est de quelques jours pour sortir un truc de potable.

A titre comparatif, il faut des mois ou des années avant qu’un développeur puisse sortir un truc potable.

Je ne dis pas que c’est facile mais …  accessible (nuance).

Ce n’est pas un hasard s’il y a autant de personnes qui deviennent UX designer du jour au lendemain et proposent leurs services en Freelance.

Si beaucoup peuvent le faire, pourquoi pas vous ? Quelques jours pour maîtriser un logiciel et faire ses UX soi même en cas de rush.

C’est tentant non ??

Parce qu’il n’y pas beaucoup de bon UX designers disponibles

Pour continuer sur le point précédent.
L’accessibilité de la technique entraîne une offre d’UX designers très importante sur le marché.

Le problème, c’est qu’il n’y en que très peu qui sont très bons.

En effet, croyez moi sur parole, j’ai travaillé avec les 2 extrêmes : Les bons et les mauvais.

De mon expérience, plus de ¾ des UX designers du marché sont moyens voire mauvais.

Leur problème c’est qu’ils “maîtrisent” la technique et leur logiciel de design mais quand vous bossez avec eux vous vous rendez compte qu’ils désignent des interfaces avant tout en reprenant des templates UX.

Pour rappel, UX en anglais c’est l’abréviation de User Experience (expérience utilisateur).

Le mot le plus important ici c’est “Utilisateur”

Un bon UX designer doit être avant tout empathique et comprendre parfaitement l’utilisateur (ses envies, ses craintes, ses habitudes, ses réflexes…).

Un bon UX designer, doit faire des recherches sur l’utilisateur. Savoir argumenter et présenter aux Stakeholders et aux développeurs.

On attend pas de lui qu’il nous livre 7 ou 8 écrans par email avec des notes en bas de page sur un truc qui n’est pas réalisable techniquement.

Ainsi, face à ce genre de résultats, on est souvent frustré.

Enervé

On a l’impression que la personne n’en a rien à foutre de l’utilisateur, qu’on aurait pu faire aussi bien, voire mieux soi même.

A l’extrême, il y a aussi d’excellents UX designers MAIS….   ils ne sont pas sur le marché.

Ce genre de profil est ultra cher, ne travaille qu’en freelance et est ultra booké.

Du coup, pas facile de travailler au quotidien avec une personne sur un produit si elle n’a que quelques heures à vous consacrer par semaine.

Un UX designer en consultant quand vous travaillez constamment sur du Front, ça ne fonctionne pas.

LES CONTRE

Une perte de temps

Ca parait contradictoire à ce que j’ai dit avant mais pas forcément.

Là où je dis que faire des UX soit même peut parfois vous faire gagner du temps, il y a une limite.

La limite c’est le temps que vous y consacrez chaque semaine.

Moins de 10% par semaine soit environ 4 heures max, ça peut être bénéfique.

Plus… vous allez à la dérive.

Votre rôle principal reste Product Owner. Il ne faut pas que vous vous transformer en UX designer.

Si vous avez des tonnes d’écrans complexes à fournir pour le prochain sprint, vous ne pourrez pas faire toutes les UX, spécifier vos US, les chiffrer et gérer tous vos meetings à la fois.

Pesez la quantité de travail à fournir et si c’est trop, confiez le travail à un pro.

Un manque de recul

Idiot

A l’instar de ce que j’ai dit au préalable, là aussi il peut y avoir une contradiction.

Le product owner est ultra branché sur le besoin utilisateur, c’est vrai…. mais parfois trop.

On connait tous ça, quand on a la tête dans le guidon, on passe à côté de certaines évidences.

Avoir quelqu’un à côté de nous qui prend le truc par un autre bout et apporte son expertise ça peut faire du bien.

NB : On n’a pas besoin d’avoir un UX designer pour ça. Les devs sont là aussi pour nous remettre les pieds sur terre parfois.

Une préoccupation en plus

probleme

Le risque de devenir UX designer en parallèle de PO, c’est que ça peut devenir toxique.

On le fait une fois pour dépanner ou parce qu’on a du temps et de l’inspiration, puis c’est l’escalade.

La prochaine fois, un collègue va vous solliciter pour une tâche UX parce qu’il a personne d’autre sous la main et que vous avez prouvé que vous pouvez vous en sortir.

Ce qui était un moyen de vous libérer de certaines contraintes finit par vous en attirer d’autres.

Mettez une limite et encore une fois rappelez quel est votre rôle.

Résultats du vote ?

debat

Il n’y a évidemment pas de conclusion définitive à donner à ce débat.

Tout dépend de votre appétence au niveau UX et de votre agenda.

Pour ma part, je prends parfois quelques sujets UX à ma charge quand je sais que je peux le faire et que j’en tire un bénéfice (gain de temps, définition de la solution claire dans mon esprit…).

Je ne vous recommande pas de faire la même chose si vous en n’avez pas l’envie.

Par ailleurs, vous ne serez pas payé plus parce que vous exercer les 2 rôles.

En revanche, si vous avez parfois l’impression que la machine est bloquée et que vous pouvez résoudre le problème d’expérience utilisateur vous-même, c’est une solution.

9 Replies to “PO + UX designer. La formule 2 en 1 ?”

  1. C’est drole parceque moi je suis UX/UI Designer et je me posais la question inverse ^^
    Je suis un projet assez complexe avec beaucoup de turn over sur les PO ce qui fait que j’ai fini par bien mieux connaitre le produit et les spécificités du métier.

    Si bien que maintenant j’ai un double rôle UX/UI et PO… remplaçant. D’un côté c’est très enrichissant et je me suis même surpris à apprécier ce second rôle mais de l’autre très frustrant car comme tu le dis, difficile de se dédoubler.

    Je suis bien intéressé par avoir des détails sur ta définition d’un bon et d’un mauvais UX/UI designer… ça peut aider ^^

    1. Très intéressant ton expérience.
      En effet, je me suis mis dans la peau d’un PO mais c’est vrai que les rôles peuvent s’inverser dans les 2 sens en fonction du cas de figure.
      Je pense que pour arriver à cette interrogation c’est qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans le binôme PO / UX designer en place et que l’un d’entre eux décident de combler le manque par frustration.

      Définition bon ou mauvais designer….hmmm, pas facile de résumé en 1 commentaire.
      Je dirais :
      Bon UX designer : C’est quelqu’un qui parle avant tout du persona, qui connait la cible, le secteur d’activité et la concurrence sur le bout de doigt. Quelqu’un qui travaille sur un problème à résoudre avec un objectif de résultat quantifiable.
      Mauvais designer : C’est quelqu’un qui ne parle que des techniques de navigation, des tendances design, des idées cool à implémenter en donnant des exemples de produits hors sujet

    2. Bonjour,

      J’ai bien aimé l’article mais je souhaite réagir sur 2 points :

      1) « Quand vous avez à désigner une nouvelle expérience utilisateur, votre rôle de PO est de briefer l’UX designer sur tous les contours. Par écrit ou par oral, on a parfois l’impression que le brief et les revues UX prennent plus de temps que de faire l’UX soi-même. Tout dépend de l’UX, mais parfois, il faut avouer que ça vaut pas le coup de s’embêter pour 1 ou 2 écrans. »
      => Je pense que vous dites ça parce que justement vous avez un passé dans l’UX. Pour ma part, la PO avec qui je travaille me demande régulièrement mon avis (et dans l’idéal des maquettes) pour la rédaction des US, ne serait-ce que pour être sure de respecter les règles d’ergonomie de base. Pas tous sont capables de le faire, même pour 1 ou 2 écrans et même s’il ne s’agit « que d’assembler des carrés et des ronds ». D’ailleurs, je pense plutôt que l’on gagne du temps à faire de la sorte car ça évite les aller-retours dans rédactions des US si ce qui est proposé n’est pas ergonomique.

      2) « Au delà du temps passé à briefer, corriger et commenter, qui de mieux que le PO peut imaginer l’expérience utilisateur. On passe nos journées à se mettre à la place de l’utilisateur et on connait le produit sur le bout des doigts. Personne d’autre que nous a une vision plus claire et plus profonde du besoin utilisateur. Le faire soi-même c’est éviter qu’un UX designer passe à côté de notre vision de PO. Si c’est évident, c’est parce que l’on est totalement immergé dans le comportement utilisateur. »
      => Qui de mieux ? L’UX… c’est précisément son travail d’avoir une compréhension la plus claire ce que vit réellement les users. Il étudie les besoins, les attentes, les problématiques, les tâches et activités en limitant au max les biais. Donc non, un (bon) UX ne se met pas (et ne doit pas se mettre) à la place des futurs utilisateurs. Prétendre se mettre à la place des users ces percevoir leur réalité selon NOTRE point de vue. Le PO, l’UX, les hommes métiers, etc. Ne sont PAS les utilisateurs cibles. Ex : j’ai beau connaitre pas mal le métier de neuropsychologue, mais, en tant que jeune femme, je suis incapable d’anticiper pleinement la réalité d’un homme neuropsychologue de 55 ans.

      L’article est intéressant dans l’ensemble mais par moment j’ai l’impression que vous mélangez un peu les choses, selon moi parce que vous avez porté les 2 casquettes. Néanmoins, je trouve la réflexion très intéressante concernant la perception du maquettage et le fait que c’est plus accessible. Et je la partage. Effectivement, les outils le sont. Ce qui l’est moins, c’est la réflexion à avoir pour concevoir une bonne expérience. Ca vient de la méconnaissance du métier de l’UX, pas mal confondu avec l’UI malheureusement. Pourtant, comme c’est très bien expliqué, être UI designer ne s’improvise pas, tout comme être UX. Les 2 ont des notions plus ou moins avancées, bien sur, mais on parle bien là de 2 métiers différents !

      Merci pour l’article et bonne journée !

  2. Avant de réagir, j’ai regardé à nouveau la date de parution de l’article en me disant, « mince peut être que cela est très ancien… » mais non et c’est inquiétant, et navrant de constater combien les gens peuvent se limiter à ce qu’ils voient ou à ce qu’ils entendent sans creuser, et surtout véhiculer de tels messages.

    Pratico pratique, je me demande quelles études précises doit-on faire pour devenir PO ?
    Pour être designer UI et / ou UX, il y a, entre autres, des écoles type Strate, Ensci et pléthore d’écoles d’arts graphiques ou de beaux arts – Estienne, Boules, etc. Plus spécifiquement, pour les UX, il y a aussi les doctorats autour de la psychologie, notamment cognitive.

    Mais peut être que tous ces cursus de 5 années et plus sont basés et développés sur un savoir, des expertises non techniques, facilement accessibles, à faible valeur ajoutée ? Mais pourquoi donc dans ce cas ne pas simplement en faire des stages de qq semaines si cela est réellement si simple ?

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